Watain – The Wild Hunt

 

Trois mois après la bataille, HML au cœur de l’actu metôl.

Suède – Century Media

Bientôt sur t-shirt

Tout d’abord, soyons clairs, cette chronique fut l’objet de moult hésitations. Écrire sur un album qui ne m’a pas vraiment emballé n’est pas une idée qui me plaît ; émettre un jugement globalement pas forcément positif sur les travaux d’un groupe qui a sué sang et eau pour pondre une galette, ça ne me semble pas forcément toujours honnête. De plus, exactement comme pour le 13 du Black Sab’, tout le monde a un avis sur le dernier Watain. Tout le monde a chroniqué The Wild Hunt. Mais, vu que chez HML, nous ne sommes que des vieilles putes enragées, notre chronique sera forcément meilleure, plus pertinente, et, les illustrations seront encore plus jolies que chez la concurrence

La concurrence : Deux Bananes et des ray-bans, mvoyez ?

La concurrence : Deux Bananes et des ray-bans, mvoyez ?

Ouataïne, topo par un mec jamais content.

Il y a de ça quelques mois, on m’a fait la remarque que, actuellement, les Krisprolls de Watain formaient le plus gros groupe de Black Metal. L’idée m’a fait tiquer (en effet, pour moi, Watain, c’est plus du Blackened-Death-Melodique-Mais-Pas-Mélo), mais étant assez admiratif face à leur travaux (et n’ayant pas encore écouté, pauvre de moi, l’Underground Resistance, le plus bel alboum de la décennie), je n’ai pas forcément contredit le gentilhomme. J’aurais peut-être dû.

« Alors les gars, à 3, on dit « evôôôl » »

« Alors les gars, à 3, on dit « evôôôl » »

 

HML, je hais donc je suis, KEN Mode ON :

Tout d’abord, il y a un truc qui me trve l’kvl (hoho, que c’était fin!), c’est tout ce culte autour du groupe. Ouiiii, j’avoue, moi aussi j’ai mon T-shirt Watain (rectif, j’avais, je l’ai paumé entre deux godets au ‘tocultor), et, faut pas cracher dans la soupe, ils ont des supers visuels . Mais, il n’y a rien de plus qui me gave que les fanatiques. Sérieusement, ce genre de trucs fait que le BM est devenu un style avec des codes; un truc fait de clichés, malheureusement. En gros, voir débarquer 57 types en concert avec les mêmes Backpatchs et portant mêmes sweats à capuche acheté par Maman chez Rockagogo® (qui n’aura jamais aussi bien porté son nom), ben ça me plombe. Les gars, la Kiss Army puait déjà pas mal à l’époque, pas la peine d’en rajouter une couche.

On peut supposer librement que, malheureusement, ces jeunes gens ont eu par la suite le droit de vote.

Bon, ce n’est pas pour autant que je louperai Watain à Clisson. Parce que, concrètement, Watain, c’est un sacré show et des morceaux de fous. Sérieux, repassez-vous le Sworn To The Dark , qui n’est même pas leur meilleure galette, n’allez pas me dire que ce trick à la batterie sur Legions Of The Black Light à 3:07 vous laisse de marbre. Et je ne parle pas de Dead But Dreaming (pas grand-chose à voir avec celle de Deicide), qui reste une ritournelle très sympa. Qu’on ne se méprenne pas, à la base, j’aime beaucoup la musique de Watain, d’ailleurs c’est pour cela que j’ai ACHETÉ leur album.

Cthulhu Fthag’n…

Un bien joli packaging

ça ferait un bien joli t-shirt !

ça ferait un bien joli t-shirt !

Watain a sorti son petit dernier en plusieurs version. J’ai profité d’un bon d’achat qui m’a été filé quand j’ai quitté le bahut où je bossais comme geôlier-bourreau pour commander chez Edouard® le fameux sésame. Ouais ouais, je ne l’ai pas vraiment payé. Quoiqu’il en soit, j’ai reçu ce qui, visiblement semble être une édition plus ou moins limitée de la beyte. En gros, j’ai un joli boîtier en gros carton avec un gros livré collé dedans et un morceau en plus sur le CD, pour 16 balles. Sinon, la chose existe en version cheap pour les prolos et en version über-vinylisée-super-grim-à-planquer-dans-sa-vitrine pour les prolos qui ont vendu Mamy.

La jaquette originale (cf l’image en haut de la page) nous présente une vanité, ou ce qui y ressemble assez, parsemé de divers symboles rattachés à l’univers de Watain. Évocation de la mort, bla-bla, bougies, bla-bla, où les loups suédois semblent faire partie d’une cosmogonie primordiale et mystique, bla-bla, crâne et serpents, bla-bla, influence de Valdés Leal, bla-bla…

Le livret est très mignon, tout plein d’illustrations toutes plus pittoresques les unes que les autres, et, les paroles des chansons en gros caractères d’influence  Burzumesque (nan, depuis Août, on ne dit plus « Gothique »). Mais bon, concrètement, on s’en tape pas mal vu qu’on ne comprend rien à l’Anglais et que le Liber Azerate, personne ne l’a lu.

 Gillette, la perfection au masculin.

Gillette, la perfection au masculin.

Wild Hunt ?

Des extraits de l’album avaient transpiré sur la toile, je n’avais pas vraiment été emballé, bien que All That May Bleed possède tout de même une dimension théâtrale assez superbe, massive même. De plus, Metalsucks nous avait parlé d’un morceau typé acoustique, ce qui m’avait plutôt intrigué…

L’alboum commence bien : petite intro instrumentale qui fait monter l’ambiance, Night Vision joue le grand jeu :

Des accents à la Dead But Dreaming, déjà évoquée, superposition successive d’instruments, cordes, ambiance mystique et royale, tout à fait en adéquation avec la vanité de la jaquette. On s’y croirait.

"The roof, the roof, the roof is on fire..."

« The roof, the roof, the roof is on fire… »

Par la suite, les morceaux s’enchaînent. Plutôt typiques de chez Watain, bien conçus, complexes, peut être un chouillat poussifs. Or, on ne va pas se leurrer, il y a un truc qui déchire pas mal dés le second morceau, c’est le son. Le mixage n’est pas parfaitement limpide, mais d’une propreté indéniable : les guitares semblent littéralement hurler par passages… De plus, un écho est passé sur la voix d’Erik Danielsson. En gros, c’est comme si on écoutait de la musique sorti du chaos pré-cosmique. Logique vu les thématiques affectionnées par le groupe.

The Child Must Die : Ultra classique, les fans ont dû aimer.

They Rode On : Bon, alors là, la pomme de la discorde. J’applaudis ce genre d’initiative, car, oui, Watain ne nous avait vraiment jamais fait cela. Waters Of Ain (Ô beauté) nous servait un prologue à They Rode On : On a ici une ballade.

Hémorragies nasales...

Hémorragies nasales…

Oui, j’ai dit une ballade.

Petite guitare arpégée, un véritable chant « chanté » (logique dira-t-on, mais dans le Metal de méchants, faut préciser), des solis à faire brailler les pucelles, et, une voix féminine sur la fin. (Attention, Spoil).

Le morceau est peut être un peu long, mais, la construction est telle qu’on ne s’ennuie pas vraiment, à condition d’aimer ce type de piste, évidemment.

 Maintenant, les Blackeux en herbe on de quoi pécho en surboum. 

Le morceau qui donne son nom à l’album, The Wild Hunt (pour ceux qui auraient décroché) peut sembler ultra watainesque lui aussi au premier abord ; très mid-tempo, un air de déjà-vu, poussif… Or, bien vite, ça vire au Still Loving You aux accents quasiment hispanisants sur la fin. C’est assez déroutant. Certains ont forcément crié au scandale, encore une fois. Les guitares pleureuses sont très belles. De quoi sortir les briquets en concert.

S’en suit Outlaw. Harmoniques malsaines groovy, danse du ventre et grosses voix. Viennent des blasts bien sentis et des gros riffs méchants. De quoi péter de la gencive dans la fosse. Cinq minutes joyeusement païennes et régressives. D’ailleurs, ma maman m’a fait remarquer qu’elle trouvait le riff d’intro/outro chouettos. Avec son solo nawakesque, c’est sûrement mon morceau favori de la galette.

Avouez, c’était rigolo, non?

Ignem Vini Mittere survient après Outlaw. Ce qui me gène là-dedans, c’est l’histoire du placement des morceaux sur l’album. On a the Wild Hunt plutôt calme, Outlaw badass et Ignem bien posée. La dynamique est ici brisée… Donc, Ignem Vini Mittere est une balade instrumentale Heavy au fin fond de Ryleh. Retour des jolies arpèges et des guitares sentimentales qui vont se paumer au dans les abysses. Un peu comme un pont menant à la fin du disque…

Holocaust Dawn est le dernier morceau (si l’on excepte le bonus) de la galette et son deuxième morceau le plus long (un peu plus de sept minutes, seule They Rode On la devance sur la longueur). On y croise un petit passage à trois temps assez bizarre, un retour de la guitare hispanisante, une ambiance fumeuse, chant presque autant murmuré que chanté, et des parties ultra-typiques à la Watain

Oui, j'en ai assez de mettre des images de Watain

Oui, j’en ai assez de mettre des images de Watain

Le mot de la faim ? (c’était pourri, mais adéquat)

Okay les gars, vous avez compris le topo, the Wild Hunt n’est pas un mauvais album, mais, il ne déchire pas le fond du falzar pour autant. Ce qui est vraiment appréciable, de mon point de vue, comme vous l’avez compris, ce sont les initiatives prises par le groupe, les trucs un peu bizarres, peu conventionnels. Car, le conventionnel, c’est ça le problème chez Watain et chez pas mal de groupes actuels. Le Black n’est pas un style musical, justement, c’est un anti-style, il ne doit pas faire dans le « classique ». Jouer de la caricature, pourquoi pas, ça peut être judicieux même, faire une espèce d’auto-dérision quoi. Or, faire dans la linéarité et dans le copier-coller de clichés, c’est vite chiant. C’est pourquoi, Watain tout en nous servant un taf relativement classique mais de bonne facture, relève le tout avec ses morceaux aux sonorités acoustiques, par exemple. Sur certains titres, on sentirait presque l’influence des regrettés Devil’s Blood avec qui Watain avaient tourné. Mais, à contrario, ces espèces d’expérimentations peuvent vite lasser, déplaire, en plus du rythme général de l’album que je trouve carrément chié.

The Wild Hunt s’écoute bien, mais si vous voulez un truc qui déglingue complètement pour l’hiver qui approche, 1993 de Glaciation, le dernier Darkthrone ou un petit Autarcie, ben, ça ne mange pas de pain.

eMet Aguirre

2 réponses à “Watain – The Wild Hunt

  1. Très très bonne chronique (à vrai dire, vous vous démerdez bien dans votre style ici), j’apprécie ce côté critique ! Pas non plus fan du fanboyism/fangirlism (fais beaucoup d’éventail), j’ai apprécié l’album de Watain. Ce petit côté artistico-théatral, c’est visuel, ça fout l’ambiance en soirée branchée… Bref, c’est un album qui, si il ne révolutionne pas l’industrie du Black Metal (quoi, le black metal, une industrie ???) n’est pas néanmoins vide d’intérêt comme certaines prods actuelles qui remixent du Darkthrone en y ajoutant une ou deux variations sympatoches pour faire jolie… Et vous présentez bien la chose ! Bravo !

Wanna speak ?